Avec la naissance de la photographie, les œuvres d’art à base de peinture ont perdu l’un de leur caractéristique : un moyen privilégié de reproduction objective de la réalité. Beaucoup de peintres se sont mis à imaginer une réalité des formes, afin de susciter chez le spectateur une réaction émotionnelle. L’expressionnisme en est un parfait exemple.
L’expressionnisme est un mouvement artistique qui a marqué le début du 19ème siècle. Sa racine s’est notamment ancrée en Allemagne, même si la France, l’Europe tout entier et les Etats-Unis ont tous connu une période d’expressionnisme. Faisons plus ample connaissance avec ce mouvement artistique, à travers cet article.
Les origines de l’expressionnisme
L’expressionnisme est apparu au début du 20e siècle. Ce mouvement artistique touche à de multiples disciplines, telles que le théâtre, la musique, l’architecture, le cinéma, et bien sûr, la peinture. C’est un courant artistique qui va à l’encontre de l’impressionnisme. En effet, si ce dernier consiste à représenter la réalité physique, l’expressionnisme met en scène les attributs influencés par la psychanalyse et le symbolisme. Si l’impressionniste est purement visuel et sensoriel, l’expressionnisme découle d’une réalité spirituelle qui se projette sur l’image, parfois en la déformant. Les peintures expressionnistes nous renvoient à notre propre subjectivité, à notre propre « expression ».
À la base de cette controverse anti-impressionniste, se trouvait la contestation de la société bourgeoise, jugée inauthentique et anti-créatrice. Les peintres aspirent à retrouver une virginité primitive, à être libérés des barrières sociales et rationnelles. C’est pourquoi, les peintures expressionnistes se fondent sur la simplification et l’aplatissement volontaire et élémentaire des formes. Ils utilisent des couleurs violentes et parfois même, agressives. Ce qui devient le noyau expressif de l’image.
Les peintres qui appartiennent au groupe Die Brücke (le Pont) d’Allemagne et ceux qui s’adonnent au « fauvisme », en France, constituaient les deux fondamentaux de l’expressionnisme. Après la Seconde Guerre mondiale, l’exaspération de l’attitude expressionniste a conduit les États-Unis à l’expressionnisme abstrait. Le mouvement s’est, ensuite étendu et a conduit au pop art. Le terme expressionnisme apparaît, pour la première fois en 1911, dans un essai publié dans la revue « Der Sturm » et est utilisé pour définir la peinture fauviste en France et des membres du groupe « Die Brücke » en Allemagne.
Les principales caractéristiques de l’expressionnisme
Les caractéristiques esthétiques majeures de l’expressionnisme en peinture sont, en premier lieu, la distorsion des lignes. Ensuite, il y a l’utilisation des couleurs très vives. L’expression dégagée par les toiles représente, bien souvent, le pessimisme du peintre. C’est un art qui évoque, en quelques sortes, une forme d’expériences vécues au plus profond de soi. D’un autre côté, ce courant artistique était aussi l’expression d’une crise mondiale traumatisée par les guerres mondiales. Toutefois, même si l’expressionnisme est vu comme le contraire de l’impressionnisme, les deux sont des mouvements « réalistes », autrement dit, les deux obligent le peintre à respecter la réalité.
L’expressionnisme allemand, rassemblant les peintres dans le groupe « Die Brücke » est, quant à lui, caractérisé par l’utilisation de la peinture comme une forme de dénonciation politique et sociale. Les sujets de prédilection sont les personnes marginalisées et les gens ordinaires. Les peintres utilisent des couleurs denses, qui semblent incrustées sur la toile, donnant une sensation désagréable liée à la laideur et à la dégradation humaine.
L’expressionnisme est également caractérisé par les nouvelles méthodes que les peintres ont adoptées. Nous citerons, notamment, le « dripping ». Il s’agit de faire couler de la peinture sur une toile posée sur le sol ou fixée au mur, afin de créer une forme issue de la spontanéité de l’artiste. On note, en outre, l’utilisation d’outils peu conventionnels pour l’époque, comme les différentes sortes de couteaux , de la truelle, du bâton, ou de la seringue.
Les peintres du mouvement expressionnisme
Le peintre le plus expressionniste de tous les expressionnistes est certainement Eduard Munch. Il a une personnalité artistique opprimée par la conviction qu’un destin tragique et inéluctable pèse sur l’humanité. Quand l’artiste regarde à l’intérieur de lui-même, il trouve l’angoisse ; s’il regarde à l’intérieur des autres, il voit la laideur masquée par l’hypocrisie bourgeoise. The Scream (Le Cri) est le tableau le plus célèbre de Munch et, de loin, l’un des toiles qui ont le plus marqué la période de l’expressionnisme. Le peintre a mis dans cette œuvre toute l’angoisse qui pesait sur lui.
Deux artistes autrichiens, Oskar Kokoschka et Egon Schiele, contribuent également au développement du mouvement expressionniste. Leurs œuvres ont eu un impact émotionnel, à tel point qu’elles représentaient un danger pour le régime nazi. De ce fait, certains peintres ont été obligés d’arrêter de peindre ou d’émigrer aux États-Unis.
À partir des années 1930, les États-Unis ont commencé à jouer un rôle important dans la culture mondiale. Dans ce contexte, un groupe de peintres a donné vie à une nouvelle tendance : l’expressionnisme abstrait. En tête d’affiche de ce courant avant-gardiste : Jackson Pollock, Mark Rothko, Lee Krastner et Willem de Kooning. Il faut savoir que la Seconde Guerre mondiale a fait fuir de nombreux artistes, notamment à destination de New York. Ainsi, les peintres appartenant à l’expressionnisme abstrait de l’École de New York ne sont pas tous des Américains.
Les toiles de l’expressionnisme abstrait, par opposition à celles de l’expressionnisme « classique », sont caractérisées par une intensité aussi bien concrète que psychique. Les artistes recouvrent généralement entièrement leurs œuvres de peinture. C’est ce que l’on appelle « All over ». Ils ont également opté, la plupart du temps, pour les tableaux de grands formats et imprègnent leurs tableaux d’une profonde abstraction.
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