Inktober : un challenge apprécié par les dessinateurs malgaches

Il y a 11 ans, Inktober est apparu dans l’univers de l’art. Cet événement, créé par l’illustrateur Jake Parker, a vu le jour aux États-Unis en 2009. Plus de 10 ans après, il a gagné le cœur de tous les dessinateurs du monde entier, qui s’adonnent à fond à ce marathon de dessin, chaque jour du mois d’octobre. Des illustrateurs malgaches ont rejoint le mouvement et ont bien voulu nous faire part de leur passion pour le dessin.

Inktober, c’est quoi au juste ?

C’est, tout d’abord, un jeu de mot, une contraction de deux mots qui sont « ink », qui veut dire « encre » et de « october » ou « octobre », en français. Ainsi, littéralement, ce néologisme suggère que pendant le mois d’octobre, tous ceux qui sont partant pour le challenge devront produire un dessin à l’encre, tous les jours, du 1er au 31 octobre, avec pour guide, une liste prédéfinie.

On parle de challenge, toutefois, l’Inktober n’est, en aucun cas, une compétition. Il s’agit juste de dessiner, mais en respectant un certain rythme de travail, car le participant est convié à réaliser un dessin par jour, correspondant à un thème imposé par l’initiateur de l’événement et ensuite, à publier son œuvre, notamment par le biais des réseaux sociaux.

Quelles sont les règles de l’Inktober ?


Pour participer à Inktober, il n’y a rien de plus simple. En effet, tout le monde peut prendre part à cet événement mondial, du moment que vous aimez dessiner. Ensuite, en principe, vous devez vous exprimer à travers votre dessin, en respectant les thèmes qui changent tous les jours. Toutefois, si le cœur ne vous en dit pas, vous n’êtes pas obligé de dessiner tous les jours. Et ne vous inquiétez pas, on ne vous en tiendra pas non plus rigueur, si vous êtes plus inspiré par d’autres thèmes. Vous êtes même libre d’inventer les vôtres, ou opter pour les thèmes des autres illustrateurs très suivis sur les réseaux sociaux.

Il faut, en effet savoir, que depuis ses dix années d’existence, l’Inktober officiel de Jake Parker a fait des bébés. Nombreux sont ceux qui se sont mis à dresser leur propre liste d’œuvre à réaliser et certains ont créé des événements similaires, comme le Feminktober, qui est un challenge de dessin féministe, ayant pour thème : la parité dans l’art. Cet événement est à sa troisième édition cette année.

Mais l’ultime règle d’Inktober est celle-ci : votre dessin doit être réalisé à la main, avec de l’encre, et diffusé sans avoir été retouché. « Pas de crayon, pas d’aquarelle, interdit d’utiliser Photoshop : juste la pure beauté de l’encre noir crépitant sur le papier blanc », si l’on reprend l’explication très poétique de Jake Parker. Cela dit, chacun peut apporter sa touche personnelle à sa création.

La publication sur les réseaux sociaux n’est pas obligatoire, mais le partage est aussi l’esprit qui anime l’événement, donc, Facebook, Instagram, Twitter ou encore, Pinterest sont des outils plus ou moins nécessaire à la diffusion de vos œuvres. Et n’oubliez pas d’accompagner vos dessins des hashtags #inktober et #inktober2020

Quels sont les outils nécessaires au challenge d’Inktober ?

À la base, l’encre est le seul outil que les participants devaient utiliser, mais Inktober ne pose aucune contrainte. Crayon de couleur, stylo feutre, pinceau… vous pouvez totalement donner libre cours à votre imagination. Certaines personnes, qui n’ont pas de don particulier pour le dessin, participent même à Inktober, en usant d’autres talents : la calligraphie, la poésie, la musique… L’essentiel est de travailler à améliorer son talent pendant tout ce mois d’octobre, de se forger une habitude de création, en gardant un rythme régulier.

Ainsi, un crayon, un stylo  noir et une gomme  peuvent suffire comme matériel pour participer à Inktober. Pour ce qui est du crayon, un modèle avec une mine fine de 0.5 mm fera très bien l’affaire. Pour le stylo, pourquoi ne pas opter pour le stylo à bille de la marque « L’Étudiant » ? Avec sa pointe d’1 mm et son encre d’origine allemande, le stylo noir « L’Étudiant » peut tenir la durée du challenge. Et en ce qui concerne la gomme, si vous pouvez vous dégoter une gomme de précision en plus d’un bloc gomme ordinaire, ce serait la perfection !

À tout cela, vous pouvez ajouter un stylo plume si vraiment, mais vraiment, vous adorez le challenge, car il faut le dire : ce n’est pas le matériel le plus simple à manier. Cependant, son rendu peut être spectaculaire si on maîtrise bien son utilisation. Le feutre de remplissage pourrait, en outre, vous servir, si vous comptez remplir une grande surface de dessin.

Inktober à Madagascar

Des illustrateurs malgaches participent également à Inktober. Ils sont des dessinateurs renommés ou de simples amateurs d’art, mais tous, désirent assurer ce marathon autant qu’ils peuvent. Il existe même un groupe sur Facebook, dédié à cet événement, qui est « Inktober Gasy de Madagascar », créé en octobre 2017.
Nous avons pu entrer en contact avec deux dessinateurs malgaches qui ont déjà participé à Inktober. Ils ont bien voulu nous parler de leur passion et nous ont révélé quelques détails à propos de leur contribution à cet événement d’envergure mondiale.

Heri Shinato

Dessinateur depuis les années ’90, Heri Shinato va participer à Inktober pour la sixième fois cette année. Cet illustrateur pro, qui dessine plus souvent en digital, estime que l’Inktober lui permet d’équilibrer un peu la balance, étant donné que pendant 31 jours d’affilé, il va dessiner en traditionnel. « Ce concentré de dessins à l’encre qui émerge de partout en juste un mois, c’est quand même beau, comme une grande danse », commente-t-il, avec poésie.

Ainsi, Heri Shinato suivra encore le mouvement cette année, même si le défi n’est pas facile à relever, « une vraie purge ! », comme il le décrit. D’ailleurs, le challenge ne lui fait pas rebrousser chemin. « Tout dépend de votre état d’esprit », explique le dessinateur de 28 ans. « Si vous le faites uniquement pour le plaisir, sans vous soucier ni d’une liste ni des dates, c’est la promenade. Mais on a quand même envie de sortir de belles choses, alors, on sue. Je pense que la pression vient de l’artiste sur lui-même plus que du challenge ».

Toutefois, un marathon aussi exceptionnel requiert un minimum de préparation. Chaque participant a sa propre méthode. En ce qui concerne Heri Shinato, il note à l’avance les idées qui lui viennent, mais selon ses dires, il lui arrive de réaliser vraiment autre chose, le jour du défi. 

Au-delà du challenge, Inktober est aussi, pour notre dessinateur, son rendez-vous annuel avec ceux qui apprécient ses œuvres. Il ne veut surtout pas le manquer. En effet, beaucoup ont fait connaissance avec Heri Shinato, grâce à Inktober.

Nous avons présenté plus haut les fournitures de base que les participants à Inktober utilisent généralement. Heri Shinato, lui, utilise principalement de l’encre de Chine , du crayon, du pinceau et du papier qui peut supporter l’eau. Il lui est aussi arrivé d’utiliser des stylos et de tester la couleur.

RAHARVEL Katty

Katty est la Presidente de l’Association Plum’Art, qui regroupe une vingtaine de jeunes dessinateurs malgaches : portraitistes, paysagistesbédéistes et mangakas. Cette jeune étudiante de 23 ans termine actuellement un cursus d’ingéniorat et parallèlement, elle dessine à titre d’amateur.

RAHARVEL Katty a participé à 3 éditions d’Inktober, en 2016, 2017 et 2018 et espère pouvoir prendre part à l’aventure cette année. En effet, Katty fait partie de ceux qui ne se laissent pas impressionnés par ce grand challenge. D’autant plus qu’elle considère cet événement comme un levier lui permettant de se surpasser. Certes, c’est une activité assez dure et demande beaucoup de patience, raconte Katty, toutefois, elle n’a pas vraiment besoin de se préparer à l’avance. Elle préfère dessiner au jour le jour.

Autodidacte, Katty dessine depuis toute petite, mais c’est à l’âge de 14 ans qu’elle s’est vraiment investie dans cet art. « Grace aux recherches que j’ai entreprises durant ces années, j’enseigne et j’aide dans l’amélioration personnelle et la recherche de soi », ajoute la jeune femme, qui se passionne également pour la pâtisserie. Et en même temps, elle continue d’apprendre encore et toujours.  

Si d’habitude, pour Inktober, RAHARVEL Katty privilégie l’encre de Chine et les stylos à encre noire, cette année, elle prévoit d’utiliser des encres de couleur.

Polémique autour de l’Inktober

Depuis quelque temps, Inktober est en proie à une double polémique qui entache un tout petit peu sa réputation.

Déjà, en 2019, les dessinateurs ont commencé à s’inquiéter quand Jake Parker voulait déposer le nom « Inktober » comme marque protégée. Les internautes ont haussé le ton, en argumentant qu’il s’agit d’un défi communautaire, donc, Inktober appartient à tout le monde. Le créateur du défi a beau expliqué sur son site le but de cette action, qui est celui d’éviter que d’autres personnes s’approprient du nom et l’utilise à des fins pas très catholiques, mais cela n’a pas vraiment calmé l’opinion. 

Les artistes craignent pour leurs droits d’auteur. En effet, si « Inktober » est devenue un nom sous Copyright, cela pourrait sous-entendre que les dessins créés sous ce nom deviendraient les propriétés de Jake Parker. Mais a priori, il n’y a rien à craindre. Le hashtag #inktober peut être parfaitement utilisé pour indiquer que l’œuvre a été réalisée dans le cadre du challenge

Cette affaire a déjà freiné l’ardeur de certains participants, que cette année, une autre affaire vient encore salir le nom de Jake Parker. En effet, dans une vidéo, Alphonso Dunn, un célèbre youtubeur qui se consacre au tuto de dessin, accuse le créateur d’Inktober de plagiat. Le youtubeur affirme qu’une grosse partie de son livre guide « Pen & Ink Drawing : A Simple Guide », paru en 2015, se retrouve dans « Inktober All Year Long : Your Indispensable Guide to Drawing With Ink », de Jake Parker, dévoilé le mois de septembre dernier.

Si cela a refroidi certains artistes, cela n’a entamé en rien le courage de Heri Shinato et de RAHARVEL Katty. « Pour moi, Inktober, c’est juste pour s’amuser », commente juste Katty, tandis que Heri Shinato expose ses opinions ainsi : « Je compte continuer cette année parce que si je le fais, c’est d’abord pour moi et pour ceux qui me soutiennent. Après tout, c’est grâce à nous, partout dans le monde qu’Inktober a pris une telle ampleur. On ne peut pas donner à Jake Parker le crédit du succès du challenge tout comme on n’a pas à l’annuler à cause de la polémique. Chaque artiste devrait se demander pourquoi il a fait inktober les années précédentes. Pour le défi ? Pour le plaisir ? Pour profiter du trend ? Mais certainement pas pour Parker. Parce qu’Inktober est devenu plus grand que Jake Parker». 

Besoin de motivation pour participer à Inktober ?

À tous les dessinateurs en herbe, que vous désiriez participer à Inktober ou non, voici les conseils et recommandations de Heri Shinato :

  • À ceux qui décident de ne plus dessiner parce qu’ils ont vu des gens faire mieux : reprenez vos crayons et dessinez ! Vous croyez que ces artistes sont devenus bons d’un coup ? Eux aussi ont vu des gens faire mieux qu’eux un jour.
  • Personne n’a du succès vraiment seul. Une personne a du succès, grâce à des milliers de rencontres, bonnes ou mauvaises, dans sa vie, qu’il en a conscience ou non.
  • Certaines personnes dessinent dans l’objectif d’en faire un métier un jour. Mais si vous dessinez juste pour le plaisir, c’est tout à fait valable comme raison. Et vous n’avez pas à arrêter ou à vous restreindre, simplement parce qu’il n’y a pas de débouché.

RAHARVEL Katty, quant à elle, a tenu à encourager les dessinateurs à participer à ce challenge du mois d’octobre : « Inktober, c’est une opportunité pour s’améliorer. J’incite les jeunes à y participer. La patience est une des vertus nécessaires pour devenir un grand artiste, et Inktober permet d’atteindre cet objectif, à condition de ne pas abandonner. »  

À noter que notre dessinatrice partage régulièrement ses œuvres et donne des conseils sur les pages Facebook « Katty » et Plum’art, ainsi que sur son  Instagram @katty.rah.

Andry Patrick Rakotondrazaka

Andry Patrick Rakotondrazaka est également un féru d’Inktober. Passionné d’art, il dessine depuis sa tendre enfance. « Je tiens ça de ma mère et de mon grand-père », explique-t-il. Actuellement, plus dessinateur occasionnel que professionnel, il n’a raté aucune édition d’Inktober, depuis 4 ou 5 ans, « mais à chaque fois avec une bonne dose de retard », fait-il remarquer, avec humour.

En effet, pour Andry Patrick Rakotondrazaka, le défi Inktober est un exercice difficile, mais un excellent moyen pour s’exercer et peaufiner son style. Pour lui, l’événement éveille la créativité, en rapport avec les thèmes proposés au quotidien. Ainsi, cette année encore, notre dessinateur a participé à ce fameux challenge. 

D’ailleurs, à y regarder de près, ce n’est pas si dur que ça quand on s’y met vraiment, ajoute Andry Patrick. « Tout dépend de ton inspiration et de ce que tu tiens à représenter. Pour ma part, je fais souvent en sorte que mes dessins au quotidien aient un fil conducteur, un genre de thème commun que j’adapte aux thèmes proposés », poursuit-il. Pour ce défi, Andry Patrick utilise principalement, un crayon, une gomme et des feutres pour l’encrage ainsi que des couleurs, en cas de besoin. 

Andry Patrick Rakotondrazaka a un message à faire passer : « Persévérez et continuez toujours à faire vivre votre art et à nourrir votre âme d’artiste, surtout si vous êtes dessinateur ou que vous aimez dessiner. Benoit Poelvoorde, acteur français et dessinateur occasionnel, a dit : « Le dessin est un art ingrat, si vous l’oubliez, il vous oublie aussi en retour ». Cela m’a marqué et m’a inspiré à ne jamais abandonner le dessin. Faites en autant, car selon moi, on sait tous dessiner, mais chacun à sa manière. »

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