La calligraphie : l’art de communiquer avec élégance

Quand on dit calligraphie, on pense tout de suite à une belle écriture. Certains d’entre nous avaient même eu une matière qui s’appelle « calligraphie », à l’école. 
La définition classique de la calligraphie est l’art de bien former les caractères d’écriture manuscrite. Les calligraphies chinoise et arabe sont les plus connues, mais il y avait aussi la calligraphie latine. Allons à la découverte de cette forme d’art qui ne s’est jamais fané au fil des ans.   

Qu’est-ce que la calligraphie ?

Le mot calligraphie dérive des deux mots grec « kalos », qui signifie beau, et « graphô » qui veut dire, j’écris. La calligraphie est, donc, un art : l’art de bien écrire les caractères d’une langue ; mais surtout, l’art de les tracer avec correction et élégance. Mais la calligraphie ne se limite pas seulement à ce traçage de « belle écriture ». Étant un art à part entière, c’est une manière de s’exprimer par l’écriture
Vous avez sans doute dû remarquer que nos grands-parents et les anciens avaient de très belles écritures. L’école d’autrefois a, en effet, accordé une très grande place à la calligraphie, tandis que de nombreux jeunes d’aujourd’hui ne savent pas vraiment de quoi il s’agit. C’est pourquoi, dans quelques pays européens, des associations qui encouragent la pratique de la calligraphie voient le jour. Le nombre de personnes qui s’y adonnent est, actuellement, en constante augmentation. 

La naissance de la calligraphie

La calligraphie a vu le jour et s’est développé depuis que l’être humain a connu l’écriture. En effet, l’évolution de l’homme a conduit à la nécessité de fixer la communication verbale à l’écrit. C’est ainsi, apparemment, que la première forme d’écriture est née en l’an 3 200 avant Jésus-Christ. L’écriture appelée cunéiforme, un système d’écriture complet, s’est développée en Basse Mésopotamie. 
Cet art assez difficile à réaliser remonte à la haute antiquité chez les Orientaux, d’après certaines sources. Selon les historiens chinois, c’est Wan-Hi-Che, un magistrat qui a vécu au IIIème siècle, qui en est l’origine. Jusqu’à aujourd’hui encore, l’on recherche ses manuscrits d’antan. 
En Iran, la calligraphie a connu son apogée au XVIIIe siècle. Étant donné que la religion musulmane interdisait la reproduction du visage humain, les artistes de cette époque concentraient leurs efforts sur l’écriture. Les manuscrits de cette époque sont aujourd’hui vendus à des prix exorbitants 
Les temps modernes exigeaient, ensuite, une forme d’écriture plus esthétique et ornementale. C’est ainsi qu’en Occident, les scribes romains et grecs ont donné vie à la calligraphie.

De l’écriture à la calligraphie

L’origine historique de l’écriture n’est pas encore pleinement établie, certains chercheurs semblent convenir que les Phéniciens, un peuple antique, ont été les premiers à créer une forme de pensée organisée sous un aspect concret. Ces formes sont les ancêtres de l’écriture. Elles ne reposaient pas sur des lettres uniques regroupées dans un alphabet, comme celles d’aujourd’hui. Elles étaient, plutôt, composées de symboles rappelant l’apparence des différents objets. C’est ce que l’on appelle les pictogrammes et, plus tard, idéogrammes. Les plus connues sont celles de l’Egypte ancienne, que l’on peut admirer encore dans les pyramides.
Par la suite, les signes ont été progressivement modifiés, jusqu’à ce que le lien étroit avec les objets soit perdu, pour arriver à des symboles graphiques liés plutôt à un son ou à un phonème. En Occident, l’exemple le plus élégant des formes d’écriture est, sans doute, l’alphabet romain, dérivé du grec, illustré par les épigraphes, ces fameuses inscriptions que l’on trouvait sur les pierres et sur les marbres. Ces derniers sont, d’ailleurs, plus faciles à lire que l’écriture quotidienne, utilisant les anciennes cursives, et qui était très difficile à déchiffrer. 
L’écriture a, ensuite, beaucoup évolué. La beauté de certaines écritures ne passait pas inaperçu que très vite, on les considérait comme de l’art : la calligraphie. Certaines personnes sont devenues spécialistes de la belle écriture et en a même fait leur métier. Il s’agit du calligraphe. Au fil du temps, l’on a eu recours au génie du calligraphe, pour écrire des lettres à caractère personnel ou publique, pour des activités commerciales, des événements sociaux, pour les publicités, les médias, les livres, les arts cinématographiques… 
L’invention de l’impression à caractères mobiles, au milieu du XVème siècle, aurait pu supprimer le travail des calligraphes, mais il n’en est rien. On peut encore rencontrer les calligraphes jusqu’à nos jours et cette race d’artiste n’est pas encore près de s’éteindre. En effet, les alphabets des caractères d’impression ont été encore faits par des calligraphes. Aujourd’hui, la technologie est telle que presque tout est produit électroniquement, mais toujours avec la collaboration de graphistes et des calligraphes. Manuellement, en utilisant la souris de l’ordinateur, ils s’occupent de l’apparence de chaque caractère.

Les styles de calligraphie à travers les civilisations

Les différentes périodes qu’a connues la calligraphie l’ont enrichie. Les styles d’écriture variés des différentes époques et des différentes civilisations ont apporté chacune des touches sublimes, faisant de la calligraphie un genre d’œuvre à part entière. Nous pouvons diviser la calligraphie en 5 catégories, dont les calligraphies latines, la calligraphie persane, la calligraphie arabe, la calligraphie chinoise et les enluminures. La suite de l’article va détailler ces catégories.

Les calligraphies latines

Il existe 8 types de calligraphies que l’on peut assembler dans les calligraphies romaines ou écritures latines. Chacune d’elles a leurs caractéristiques.

1- L’écriture romaine

Les Romains ont fait en sorte d’adapter l’écriture des Grecs à la phonétique latine. Cela s’est passé à la fin du VIIème siècle avant Jésus-Christ. Plus tard, cette écriture Romaine a inspiré les autres écritures latines. Il existe de nombreux styles d’écriture romaine, si l’on ne cite que la Cursive, la Capitale Romaine, la Quadrata et la Rustica.

2- L’Onciale

Il s’agit d’une écriture calligraphique médiévale en capitales arrondies. Ce type d’écriture est celui qui a principalement influencé les formes de nos caractères minuscules actuelles. C’est au IIIème siècle que l’on a commencé à utiliser l’Onciale. Elle a été, d’abord, utilisée pour écrire tous les textes chrétiens et, ensuite, elle est devenue le style d’écriture employée par tous. L’onciale a évolué en différentes phases : l’onciale romaine, entre le IVème et le Vème siècle ; l’onciale classique au VIème siècle et l’onciale tardive, entre le VIIe et le IXe siècle. 

3- La Caroline

L’écriture Carolingienne ou la Caroline a été née d’un besoin d’écrire de manière plus rapide, plus pratique, mais lisible. Ce style d’écriture a, ainsi, vu le jour sous le règne de Charlemagne, à une période de réforme, où l’Empire franc voulait rendre accessible l’héritage culturel de l’Antiquité. En 789, Charlemagne promulgue la Caroline au rang d’écriture officielle dans le royaume, et rapidement, ce style est devenu l’écriture de toute l’Europe. Cela le restera pendant plusieurs siècles. C’est également à cette époque que le point d’interrogation a été créé. 

Les écritures gothiques

Le style Gothique découle de la transformation petit à petit de la Caroline. Entre les deux types d’écriture, il y avait eu, d’abord, la Gothique primitive pour arriver à des styles plus affirmés. Ainsi, les formes arrondies vont peu à peu se resserrer jusqu’à devenir rectilignes et anguleuses. Les espaces blancs entre les caractères se sont aussi réduits. C’est pourquoi, on appelle également ce style : « Lettre Noire ». 
Il existe plusieurs écritures gothiques. Dans le Sud de l’Europe, elle prend une forme plus ronde, tandis que dans le Nord, les caractères ont plus une forme verticale et les brisures sont plus accentuées. Les écritures gothiques ont été utilisées, notamment, au IXème siècle

La Textura

Apparue à la fin du XIIème siècle, après la gothique primitive, c’est la forme d’écritures gothiques la plus utilisée. La textura est restée jusqu’au XVIème siècle, malgré qu’elle présentait un grand inconvénient : elle prenait trop de place, donc, ne convenait pas aux petits espaces d’écriture. 
Elle a, quand même, apporté sa petite révolution dans l’écriture, car c’est pendant son utilisation qu’est apparu le trait sur le i, qui deviendra plus tard le point. Un nouveau style de capital apparaît également : le premier trait vertical est doublé, le premier des deux traits comporte une reprise verticale en son milieu. À noter que l’appellation « Textura » veut dire :  » trame d’aspect régulier « .

La Rotunda ou Gothique Espagnole

Cette forme d’écritures gothiques s’est développée avec d’autres styles, comme la gothique Cursive, la gothique Bâtarde ou la gothique Fraktur. La Rotunda a été notamment utilisée au sud de l’Europe. Elle appartient, donc, à la catégorie des gothiques, et pourtant, à ce qu’il paraît, cette écriture a été mise au point par des scribes italiens qui rejetaient ce style. En tout cas, elle est beaucoup plus claire et ainsi, plus facile à lire. 
Elle se caractérise, particulièrement, par la forme du « d » qui ne ressemble pas à ce que l’on a déjà vu dans les types de calligraphie connus jusque-là. 

L’humanistique

L’écriture Humanistique est une reprise de la Caroline du IXème siècle, associée à l’utilisation des Capitales Romaines. À ce moment-là, l’écriture populaire reste le gothique, mais l’Humanistique appartient à l’écriture savante qui aspire à se rapprocher de l’écriture antique. Ce style calligraphique a mis du temps à se faire adopter, car il lui a fallu un siècle pour s’imposer.   

L’Antiqua

Il s’agit d’une dérivée de l’Humanistique. Elle est née en Italie, à la Renaissance, et s’est vite imposée dans les pays de langue romane. C’est l’Antiqua qui a inspiré les caractères classiques de l’imprimerie. Cette forme d’écriture a, par la suite, donné naissance à la Cancellaresca. Cette calligraphie est très libre, originale, élégante et tolérait la fantaisie. C’est d’elle que viennent les caractères italiques de l’imprimerie.

La calligraphie persane

Le Nasta’liq est le principal style de calligraphie persane et le plus fluide pour l’alphabet arabe. Créé à la fin du XIVème siècle, on l’utilise notamment en Iran, où il est encore largement étudié. 
Le Nasta’liq se décline sous deux formes : le Chalipa et le Siah-Masq. Le Chalipa signifie « croix », en persan et est utilisé généralement en poésie. Le Siah-Masq, qui veut dire « perceuse encrée » permet, quant à lui, de communiquer par la forme, plutôt que par le contenu. Pour la réalisation du Nasta’liq, on utilisait une sorte de plume confectionnée à partir d’un roseau. Cela s’appelle un calame

La calligraphie arabe

Les premières inscriptions proprement arabes ont vu le jour en Syrie en 512 après Jésus-Christ. Elles sont formées avec 18 lettres qui, associées à des points, deviennent 29 lettres. On a écrit les premiers textes du Coran avec de la calligraphie arabe, dans les années 650. Même jusqu’à nos jours, le Coran est toujours enseigné dans l’écriture arabe originelle.  
En effet, pour la religion musulmane, l’écriture a un caractère sacré. À défaut d’image, car il est interdit de représenter l’image d’une personne ou d’un animal possédant une âme, c’est la calligraphie qui décore les mosquées et les autres monuments arabes. C’est la base de cet art que l’on appelle : arabesque.
Comme pour la calligraphie persane, la calligraphie arabe utilisait le calame. Elle veut donner l’illusion de l’image à travers l’écriture. Avec le développement de l’Islam, l’écriture arabe a beaucoup évolué. Au fil des époques, elle a connu différentes formes et divers styles. Nous citerons le Naskhi qui est encore utilisé aujourd’hui pour la rédaction des articles dans les journaux et aussi dans les livres. 

La calligraphie chinoise

C’est ce à quoi, on pense en premier, la plupart du temps, quand on parle de calligraphie. En effet, la calligraphie chinoise représente la culture orientale. L’histoire de la calligraphie chinoise commence en 1 600 avant Jésus-Christ, quand les caractères chinois ont été créés. Elle a connu beaucoup d’évolutions au fil des époques. Il existe d’innombrables styles calligraphiques différents, mais la calligraphie chinoise la plus connue est celle pratiquée avec un pinceau. 
Cependant, l’on peut distinguer 5 styles principaux d’écriture chinoise : Chuan Shu, ou « caractères de sceaux » ; Li Shu, ou « écriture des scribes » ; K’ai Shu, ou « écriture régulière », car elle a une forme carrée et régulière et sans abréviations ; Hsing Shu, ou « écriture courante », avec des traits liés et qui peuvent être simplifiés ; et enfin, Ts’ao Shu, ou « écriture d’herbe », une écriture cursive et simplifiée. 
La calligraphie est vraiment considérée comme un art de vivre, en Chine. La pratiquer apporte le bien-être physique et moral. Elle apprend, en outre, la discipline, la patience et la persévérance. L’on dit qu’on peut changer de tempérament et gagner en distinction, quand on excelle dans la calligraphie chinoise. C’est pourquoi, cet art a été placé sur un piédestal par les lettrés des différentes époques.

Les enluminures

Dérivée de la calligraphie, l’enluminure se définit comme une décoration d’une page ou d’une lettre, par l’application de couleurs et de dorure. Ce terme vient du latin  » illuminare « , qui signifie « mettre en lumière ». Cet art a été pratiqué par les moines, que l’on appelle « enlumineurs ». Ils ont pour fonction d’illustrer les textes bibliques qui ont été calligraphiés.

Les enluminures se sont démocratisé au XIIIème siècle et ont connu leur apogée, grâce à de grands enlumineurs comme les frères Limburg, qui sont des peintres et enlumineurs néerlandais. Cependant, avec l’invention de l’imprimerie, les enluminures ne sont plus aussi pratiquées que dans le passé. Elles sont devenues des objets de collection. 

Les outils de calligraphie

Actuellement, il existe différentes sortes de plume de calligraphie . Les utiliser s’avère être plus facile, car elles ont été conçues pour rendre l’écriture plus agréable et plus simple, mais aussi, plus efficace. Les stylos-plume de nos jours sont, en quelques sortes, les fruits des recherches qui remontent loin, au commencement de l’écriture.

Les instruments de calligraphie ont, en effet, connu de nombreuses évolutions, à travers les époques et les civilisations. Ils évoquent également la culture d’un pays. Voici les principaux outils que l’on utilisait pour cet art :

Le calame
Nous avons déjà parlé du calame plus haut. Il s’agit d’un roseau taillé et doté d’une fente. Il a été notamment utilisé par les calligraphes arabes.

La plume d’oie

Les plumes de couverture des oiseaux, qu’on l’on appelle : penne, sont les matières premières utilisées pour la confection de plumes d’oie. On taille les plumes avec un canif très aiguisé : le canivet, et ainsi, on obtient des plumes de calligraphie d’une grande souplesse. 

La plume de métal

De nombreuses civilisations ont utilisé la plume de métal. Les premiers modèles ont, d’ d’ailleurs, vu le jour dès le XIIIème siècle avant Jésus-Christ. Les plumes fabriquées par les frères John et William Mitchell en 1825 à Birmingham, en Grande-Bretagne, sont les plus connues.

Le pinceau

C’est le matériel privilégié de la calligraphie chinoise. Il est fabriqué avec différents types de poils, possède différentes tailles et est plus ou moins souple, selon ce que l’on désire.

À noter que les encres utilisées diffèrent pour chaque type de plume.

La calligraphie a tenu une grande place dans la civilisation, car c’était un moyen de communication utilisé par les peuples du monde entier. Même avec le développement de la technologie, l’homme n’a jamais cessé d’utiliser l’écriture manuscrite pour s’échanger. Aussi, la calligraphie restera-t-elle, à jamais, un subtil et élégant art de communiquer

1+
Partager sur

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *