L’art, un instrument de lutte contre les violences à l’égard des femmes

Nombreux artistes s’accordent à dire que l’art n’est pas seulement fait pour être admiré ou pour décorer. Il peut être un instrument d’éducation ou de revendication. Depuis quelques années, des artistes plasticiens se sont mis à réaliser de l’art pour lutter contre les violences basées sur le genre, notamment la violence à l’égard des femmes. Leurs œuvres, qui peuvent être très choquant ou parfois humoristiques, ont pour objectif de conscientiser tout un chacun sur le droit de la femme et de sensibiliser le plus grand nombre à lutter contre toutes les formes de violence contre les femmes

En cette période des 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence basée sur le genre (qui se passe annuellement du 25 novembre au 10 décembre), faisons un petit tour de ces œuvres engagées, par le biais desquelles, les artistes pointent le doigt sur ce fléau. 

Les tableaux détournés de Mohamed Oussama Houji

Les rôles traditionnels ainsi que les stéréotypes basés sur le genre, rendent les femmes plus vulnérables aux violences, par rapport aux hommes. C’est pourquoi, certains artistes ont tenu à prêter mains fortes aux femmes afin de les libérer de ce désastre. 

Mohamed Oussama Houji est, sans doute, l’un des plus célèbres de ces artistes engagés. En 2018, ce graphiste tunisien pointe des doigts la violence physique faite aux femmes, en détournant les portraits réalisés par des grands peintres. 

Ainsi, la jeune fille de Michael Sweerts, la Madame du Barry d’Elisabeth Vigée-Lebrun, ou encore Henriette de Verninac de Jacques-Louis David ont les yeux rouges, le visage tuméfié et enlaidi par des ecchymoses. 

En défigurant ainsi l’art, Mohamed Oussama Houji veut interpeller le plus grand nombre sur un sujet aussi délicat qu’est la violence physique. En parler reste encore tabou, pour certaines personnes. Mais l’art est là pour remplacer la voix de celles qui n’osent pas s’exprimer.

L’affiche grandeur nature d’Emma Krenzer

On dit qu’une image vaut mille mots. C’est pourquoi, Emma Krenzer, une jeune étudiante en art, a apporté sa contribution dans la lutte contre les agressions sexuelles, en utilisant l’art visuel. 

En 2017, la jeune Américaine a photographié le corps nu d’une amie et l’a, ensuite, imprimé grandeur nature. Après cela, elle a apposé l’empreinte de sa main sur les différentes parties du corps, en attribuant une couleur pour chaque personne qui l’a touché, avec ou sans son consentement. Elle a mis en légende de la photo en noir et blanc, l’explication de chaque couleur. Une mention attire plus particulièrement l’attention. La légende, traduite, dit : « quelqu’un à qui j’ai dit non » mais ce « quelqu’un » s’est permis de lui toucher les seins, le cou et le sexe.

À travers ce projet artistique, Emma Krenzer a notamment voulu sensibiliser tout un chacun à propos de la notion de consentement. De nombreuses femmes se sont retrouvées dans l’œuvre, ainsi, quelques heures seulement, après sa publication sur les réseaux sociaux, l’affiche d’Emma Krenzer a obtenu 125 000 commentaires et 300 000 likes. 

L’illustration de Catmouse James pour prévenir la cybercriminalité

L’internet est également un terrain vaste et sournois, sur lequel les auteurs de violences évoluent, souvent sous couvert d’anonymat. Depuis le harcèlement jusqu’au partage de photo intime sensée rester dans le cadre du message privé, les personnes malintentionnées du web s’attaquent parfois aux jeunes filles mineurs, trop souvent naïves pour déceler le mal. 

C’est ainsi qu’au mois de mai de cette année 2020, dans le cadre du programme SAHY, l’illustratrice malgache Catmouse James a collaboré avec Youth First, afin de prévenir les violences sanctionnées par la loi malgache sur la cybercriminalité. 

Le dessin fait par Catmouse est très saisissant. Il montre une petite fille dans toute son innocence. Autour d’elle, une forêt dense, signe de danger imminent si elle s’aventurait plus loin, car elle semble être subjuguée par la lumière tentante d’un téléphone mobile. Un message fort qui a suscité de nombreuses réactions de la part des jeunes et des parents. 

L’humour de La Mozeration, pour évoquer le harcèlement sexuel

De nombreuses femmes sont aussi victimes de harcèlement sexuel au quotidien, notamment dans le milieu du travail et dans le milieu scolaire. C’est ce que ce dessin humoristique de La Mozeration veut évoquer.

Sur le dessin, on voit un enseignant en train de menacer son élève de redoublement, si celle-ci ne venait pas chez lui. Le harceleur, après avoir attribué une mauvaise note à la demoiselle de sa convoitise, lui a proposé d’en donner une meilleure si elle se rendait à l’adresse mentionnée derrière sa feuille d’examen. 

Force est de constater que cela arrive un peu trop souvent. En publiant son dessin, le mois de mars 2020, La Mozeration l’a accompagné d’une légende disant que beaucoup de femmes acceptent ces propositions indécentes, de peur d’être renvoyées ou parce qu’elles visent une ascension sociale. C’est une implication forte de l’artiste dans la lutte contre ce fléau dont les victimes ont honte d’évoquer, de peur des jugements des autres.  

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