Le fauvisme : des peintures aux couleurs de scandale

Le Fauvisme est un courant artistique du début du XXème siècle. Ce mouvement artistique n’a pas duré longtemps, toutefois, il a marqué l’univers de la peinture, car il a apporté une grande innovation, que l’on peut qualifier d’avant-gardiste. Le Fauvisme s’est épanoui de 1905 à 1910, notamment, en France. Causant un scandale à son début, le Fauvisme est actuellement considéré comme un mouvement artistique qui a apporté un souffle nouveau à l’art pictural.

Le Fauvisme, c’est quoi ?

Le Fauvisme, ou les Fauves, est un mouvement pictural qui a vu le jour à Paris en 1905 et s’est éteint vers 1910.  Il fait partie des premières peintures modernes du XXème siècle,  une période pendant laquelle l’art européen se trouvait dans une sorte de phase expérimentale ou transitionnelle. Ce moment charnière a eu lieu, plus concrètement, entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre Mondiale. Les principaux représentants du Fauvisme sont : Henri MatisseAndré Derain et Maurice de Vlaminck

D’où vient le terme « Fauvisme » ?

Le terme « Fauve » a été utilisé pour la première fois en 1905, par le journaliste critique d’art français, Louis Vauxcelles, et de manière péjorative. On est au Salon de l’automne, l’exposition artistique qui se tient à Paris chaque année, depuis 1903. Louis Vauxcelles se trouvait à la salle VII du Grand Palais. Au milieu de la salle, deux sculptures tout ce qu’il y a de plus classique, à la manière florentine, mais tout autour, 39 tableaux aux couleurs criardes !

Lorsque Louis Vauxcelles a couché sur papier son impression, face à ces toiles qui sortent de l’ordinaire, pour l’époque, voici ce qu’il en dit : « Au centre de la salle, un torse d’enfant et un petit buste en marbre, d’Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello chez les fauves. »  

C’est ainsi que cette peinture d’avant-garde a été baptisée : « Le Fauvisme ». Suite à cela, Émile Loubet, président de la République française de l’époque, refusait d’inaugurer le troisième Salon d’automne. En outre, d’autres critiques ont suivi le mouvement et la salle centrale est devenue la « cage aux fauves ». Les tableaux ont été taxés de « pot de peinture jeté à la face du public », « bariolages informes »… La cible première de cette attaque est « La Femme au chapeau », de Matisse. Mais finalement, ce tableau qui a été traité de tous les noms a trouvé preneurs. Leo et Gertrude Stein, frère et sœur d’origine américaine, l’ont acheté pour compléter leur collection. 

La Femme au chapeau  – Henri Matisse

Qui sont les artistes « Fauves » ?

Les artistes qui faisaient partie du Fauvisme étaient déjà présents dans le panorama de la peinture française depuis quelques années, mais leurs noms sont devenus vraiment célèbres après cette exposition de 1905. Et en seulement quelques années, les peintres Fauves ont pu forger un nouveau regard sur la peinture et sur l’art en général. Ces peintres, influencés par des artistes postimpressionnistes et néo-impressionnisme, se sont groupés et sont devenus des alliés qui partageaient des intérêts communs. Beaucoup d’entre eux sont des élèves de l’artiste symboliste Gustave Moreau, dont le travail met l’accent sur l’expression personnelle. 

La figure la plus importante du groupe fauve était Henri Matisse. Il a commencé à utiliser des couleurs aux contrastes vifs dès le début de 1899. Ses toiles sont marquées par la violence des couleurs, l’absence de contraste entre ombre et lumière, mais aussi par une absence quasi-totale de perspective. En effet, pour Matisse, les valeurs les plus importantes sont la liberté et l’imagination dans l’utilisation et le choix des éléments qui vont ensemble pour former la composition.

C’est, d’ailleurs, ce que leur a enseigné leur maître, Gustave Moreau. Celui-ci disait : « Je ne crois ni à ce que je touche ni à ce que je vois. Je ne crois qu’à ce que je ne vois pas et uniquement à ce que je sens… Mon sentiment intérieur seul me parait éternel et incontestablement certain. »

Georges Rouault exposait aux côtés de Matisse, lors de la première exposition en 1905. Il a été fortement influencé par Vincent Van Gogh . Ainsi, il utilisait les couleurs de manière, comme qui dirait, exaspérée, en créant de forts contrastes de ton, pour évoquer différentes sortes d’expressions qui se dégagent de manière violente. Les arrière-plans de ses tableaux sont à peine évoqués par des dessins nerveux et visuellement incomplets, tandis que les personnages sont peints à grands coups de pinceau, soulignés de traits rapides et marqués, qui expriment l’intensité des émotions avec un naturel violent.

Albert Marquet, quant à lui, est issu du néo-impressionnisme. Ses sujets de prédilection sont la mer, les bateaux et la vie animée de Paris. Cependant, il ne partage pas l’usage sans scrupules de la couleur, comme les autres Fauves. Il préfère les tons plus calmes de Raul Dufy, avec qui il était proche.

Maurice de Vlaminck est une autre figure de proue du fauvisme. Il a étudié avec un peintre nommé Henri Rigalon sur l’île de Chatou. Il a, d’ailleurs, réalisé une toile s’intitulant « Les Jardins à Chatou ». Sa rencontre fortuite avec André Derain en 1900 a été le tournant de sa vie et l’a emmené à s’aventurer dans le « Fauvisme ». Maurice de Vlaminck a utilisé une technique appelée « empâtement », où des colorants épais de peinture sont appliqués directement à partir du tube et brossés ensemble en traits pour créer une impression de mouvement. Ses tableaux donnent un effet de luminosité et de mouvement vibrant.

Quant à André Derain, sa carrière de peintre a été influencée, au départ, par le style de Maurice de Vlaminck. Vers 1901, il a, d’abord, peint des paysages aux couleurs pures, non mélangées avec d’autres. Puis Matisse lui a enseigné les principes du néo-impressionnisme et de la division de la couleur. Ainsi, en 1905, il expose au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants, se plaçant parmi les Fauves, même s’il n’a pas complétement adhéré au courant Fauve. En effet, ayant une admiration sans bornes pour les œuvres des Grands-maîtres antiques, dont il avait fait diverses copies, il ne pouvait s’abandonner totalement à l’exubérance des couleurs des « Fauves ».

Les jardins à Chatou – Maurice de Vlaminck

Quelles sont les principales caractéristiques du fauvisme ?

Henri Matisse est devenu le leader reconnu du Fauvisme et le Fauvisme est devenu le précurseur important du cubisme et de l’expressionnisme. Ce courant artistique a, en effet, redéfini la couleur et la forme pure, comme moyen de communiquer l’état émotionnel de l’artiste. Ainsi, les couleurs ne sont plus reproduites sur les toiles comme elles devraient l’être. C’est ainsi que les joues de « La Dame au Chapeau » de Matisse se colorie en vert et en bleu, au grand damne des amateurs d’art classique.
 
Le Fauvisme ne se soucie, donc, pas de la ressemblance du modèle au tableau. Il évoque le ressenti du peintre sous des formes abstraites. Les couleurs primaires étaient utilisées dans une fonction résolument antinaturaliste : arbres violets, figures humaines rouges, corps nu bleu…. Tous les éléments du tableau sont choisis et juxtaposés librement, selon une cohérence propre à la composition de l’artiste.

On note aussi, dans le fauvisme, l’utilisation de formes simplifiées. Les artistes ne cherchent pas à ajouter des fins détails pour obtenir des dessins qui approchent le plus possible de leur source d’inspiration. La perspective est ignorée et la sensation de profondeur est produite par le raccourcissement de l’œuvre sur un seul plan et par le contraste chromatique. En bref, ce qui importait pour les Fauves, ce n’était pas le sens de l’œuvre, ni le clair-obscur, ni la perspective, mais la simplification des formes et surtout, l’éclat de la couleur.

En bref, ce qui différencie les peintres du courant artistique « Fauvisme » par rapport aux autres peintres, n’est pas le choix des sujets et des thèmes de leurs œuvres. Ce que les fauves désiraient, c’était de casser cette conception de l’art qui se bornait à l’imitation naturaliste de la réalité.

L’expérience du fauvisme est, certes, de courte durée, car on peut dire qu’elle est terminée dès 1907. Toutefois, l’influence qu’il exerce sur l’histoire de l’art est très importante et persiste toujours. À partir de 1907, les membres du groupe s’éloignaient peu à peu les uns des autres, mais pour beaucoup d’entre eux, le Fauvisme avait été une phase par laquelle ils devaient passer pour développer différents styles.

La joie de vivre – Henri Matisse
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