Quand l’art transforme tout un village

Les dessins et les peintures n’ont pas pour seule fonction de plaire aux yeux. Ils touchent aussi les âmes et peuvent même changer toute une vie, et cela, depuis que l’art est apparu sur cette terre. Ces quelques exemples vont vous prouver à quel point l’art peut être un vrai levier de développement pour un village, même si ce n’était pas l’objectif premier de l’artiste. Nous vous invitons à nous suivre dans cette balade pittoresque à destination de Taiwan, de la République Tchèque, de Pologne, du Viêtnam et pour terminer, nous ferons un petit tour dans quelques quartiers d’Antananarivo

Taïwan: les peintures pittoresques ont sauvé Taichung

Huang Yongfu, un ancien soldat taïwanais 97 ans, a appris que le village dans lequel il avait vécu pendant 40 ans était sur le point d’être démoli. Il s’agit d’une petite localité se trouvant dans le district de Nantun de la ville de Taichung. Il a alors eu une idée de génie : il va démontrer au monde entier, à quel point les maisons de son village sont belles, d’autant plus qu’elles referment des histoires. 

C’est ainsi que le vétéran s’est mis à dessiner sur toutes les surfaces disponibles dans son petit village, notamment les murs, qu’il a recouvert de dessins aux couleurs vives.

Huang Yongfu a commencé à dessiner alors qu’il n’avait que trois ans, mais quand une guerre civile a éclaté en Chine au milieu des années 1900, il était obligé d’aller se battre. Après s’être blessé, il s’est installé à Taichung et à 97 ans, lui et sa femme sont les seuls anciens combattants résidants dans le petit village.

Huang Yongfu aurait pu être le dernier survivant du lieu, si ses œuvres n’attiraient pas les visiteurs. En effet, plus d’un million de touristes visitent le village chaque année, et depuis lors, le gouvernement taïwanais s’est engagé à garder le village intact. Le village a été baptisé « village d’arc-en-ciel » grâce à ses œuvres murales.

Louka : le village aux maisons couvertes de fleurs bleues

Même à l’âge de 90 ans, Anežka passe encore son temps libre à dessiner des motifs floraux sur les bâtiments du village de Louka, en République Tchèque, au sud de la Moravie.

Anežka Kašpárková est une ancienne agricultrice de 90 ans. À sa retraite, elle a découvert un nouveau passe-temps : dessiner des fleurs. Ses figures favorites ? Des motifs moraves traditionnels. Pour les faire, elle n’utilise qu’une seule couleur : le bleu foncé et elle ne s’arme que de son unique pinceau . Son endroit préféré pour peindre est l’église de son village, où elle apporte un peu de retouche de peinture chaque année. Elle ne planifie pas son travail à l’avance, elle laisse juste son imagination guider son pinceau. La fantaisie détermine le résultat final. 

Dans le passé, d’autres femmes ont déjà peint les maisons blanches en Moravie. Ce sont elles qui ont transmis cette tradition à Anežka Kašpárková. Et depuis, la vieille dame se repose en hiver à cause du climat, mais dès que le printemps arrive, et elle s’adonne à son loisir. 

Zalipie: des fresques pour cacher la suie 


Zalipie est un village du sud de la Pologne, situé à 68 kilomètres à l’est de Cracovie. Cette localité est célèbre pour ses belles maisons décorée de fresques très attrayantes pour les yeux.

Décorer l’extérieur et l’intérieur des maisons est une tradition qui remonte à la fin du 19ème siècle dans ce village. En ce temps-là, les anciens fours ont été remplacés par les nouveaux modèles, avec cheminée. Les premiers avaient laissé des marques de suie sur les plafonds et les murs. Afin de recouvrir ces traces disgracieuses, les femmes ont commencé à peindre les suies avec de la chaux. Plus tard, ces murs blanchis à la chaux sont devenus la toile de fond pour des dessins plus élaborés

Ainsi, les murs extérieurs et intérieurs des maisons se sont parés de fleurs et d’autres figures aux couleurs flamboyantes. Les femmes de Zalipie ont aussi peint des guirlandes autour des portes et des fenêtres. Et pour finir, les poulaillers, les ponts, les puits et les niches des chiens y passent. Toutes les petites et grandes constructions du village sont décorées de dessins pittoresques !

Viêtnam : l’art améliore la vie des pêcheurs de Trung Thanh

Il y a quelques années, le village de pêcheurs de Trung Thanh, dans la commune de Tam Thanh, était inconnu. Mais aujourd’hui, c’est devenu le centre d’attention, car un groupe d’artistes vietnamo-coréens a peint toutes les maisons avec l’aide de ses habitants. En effet, il s’agit d’un projet d’échange d’art communautaire entre le Vietnam et la Corée

Le village a quasiment été rénové grâce aux peintures colorées faites sur les murs extérieurs de nombreuses maisons. D’immenses portraits de pêcheur, un coucher de soleil sur la mer, des paysages océaniques, des scènes de la vie quotidienne des villageois… une centaine d’œuvres d’artistes coréens et vietnamiens a redonné vie à Trung Thanh. Les artistes ont travaillé sous une chaleur étouffante pendant vingt jours, afin de conférer au village ce nouveau look. Certaines fresques sont même réalisées en 3D

Portant le slogan : «art for a better community», « l’art de bâtir une société meilleure », le projet vise à embellir le village, à attirer plus de touristes et à améliorer l’environnement rural. Le niveau de vie des pêcheurs locaux a, effectivement, connu une nette amélioration, depuis. Le village est devenu une galerie d’art à ciel ouvert, car les peintures murales l’ont rendu plus belle aux yeux des touristes. Six mois seulement après la fin du projet, le revenu moyen des villageois a presque doublé. 

Antananarivo : des griffes pour embellir quelques quartiers

Madagascar a aussi connu cet embellissement de certains quartiers de la capitale, Antananarivo, par la main des artistes talentueux. En 2016, les quartiers d’Ampefiloha, d’Ampandrana et l’université d’Ankatso ont subi un énorme changement, dans le cadre du projet « M’KoloSaina » et du projet « Rangotra », en collaboration avec le Centre de Ressources des Arts Actuels de Madagascar (CRAAM).

À Ampefiloha, c’est le projet Rangotra, porté par Jamerla Koon Action, qui a illuminé le quartier. À Ampandrana, le festival « Kolontsaina anaty Elakelatrano » a également apporté du beau changement dans le quartier. Les peintres et les graffeurs ont passé des jours à déployer leurs efforts, peignant des portraits et des différentes scènes, sous les yeux ébahis des enfants des quartiers.

Les jeunes artistes se sont armés de leurs pinceaux pour décorer les murs de jolies fresques sur lesquelles ils ont pris soin d’inscrire des messages. En voyant ces belles peintures , les habitants font plus attention à ne pas salir. Ainsi, les artistes contribuent à garder la propreté de la ville, en mettant leur talent au service de la population. Et étant donné que les dessins sont aussi porteurs de messages liés à l’éducation, les peintres ont participé grandement à l’éducation citoyenne, à travers leurs œuvres.   

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